Après m’être arrêté quelques jours à Irkutsk histoire d’admirer de près le fameux lac Baïkal, il me fallait à nouveau remonter dans le train et continuer ainsi ma folle course vers Moscou.
Parmi les voyageurs que j’ai pu rencontrer sur ma route, peu nombreux étaient ceux à s’être arrêté dans les villes que vous vous apprêtez à voir en vidéo. Et pour cause, certaines d’entre elles n’ont que très peu de vertus touristiques (comme Krasnoyark par exemple). Lors de l’achat de mes billets de transsibérien, j’avais tout bonnement choisi des villes-étapes un peu au hasard. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. Quoi qu’après réflexion, je pense que je voulais vivre ce dernier mois de la façon la plus intense possible. J’étais mentalement prêt, je pense, à la pire des galère si celle-ci venait à arriver…
A Krasnoyarsk, Omsk et Ekaterinburg, je suis toujours arrivé en plein milieu de nuit, sans savoir ou dormir, alors que la température extérieure avoisinait parfois les -30°C. Si j’ai eu la chance incroyable d’être hébergé chez Pavel, un couchsurfer à Krasnoyarsk, et chez une Russe rencontrée à Omsk, mes recherches sont néanmoins restés infructueuses à Ekaterinburg, et je passerai la nuit dans la gare en compagnie de SDF (chose que j’avais déjà effectué à plusieurs reprises aux USA).
Il s’agit plus en fait d’une partie de nuit car impossible de vraiment dormir dans une atmosphère aussi lourde : les sans-abris tristement abîmés par des années d’alcoolisme s’invectivaient en permanence et semblaient s’intéresser de plus en plus à moi.
L’anecdote du jour (que j’ai retrouvé sur Twitter) aurait pu me couter cher : vers 3 heures du matin, ne me sentant plus en sécurité dans la gare d’Ekaterinburg, je décide de sortir marcher à la recherche d’un hôtel, voir d’un endroit plus sûr ou dormir. En marchant au hasard dans la rue, je tombe sur une dizaine de jeunes passablement éméchés qui sortent de boite de nuit et qui à la vue de mon sac à dos se mettent à me lancer des bouteilles de bière.
Le verre éclate autour de moi alors que je ne me trouve qu’à une vingtaine de mètres d’eux. Une passante assiste à la scène en continuant de marcher, sans prononcer le moindre mot à leur égard.
Ce que mon voyage m’a appris, c’est qu’il faut parfois se faire violence, jusqu’à abandonner toute logique. J’aurai probablement craqué 11 mois plus tôt, c’est une certitude.
Dans ce genre de circonstances, on oublie assez rapidement le poids que l’on a sur les épaules. Les voyant se diriger vers moi en hurlant, j’ai donc commencé à courir pour leur échapper. L’état dans lequel se trouvait mes agresseurs – et ma condition physique – m’a sans aucun doute aidé à me sortir de cette galère et après 15 minutes de sprint sans me retourner, j’étais à l’abri (et aussi à deux doigts de m’écrouler de fatigue !). Je ne vous cache pas que j’ai néanmoins eu vraiment peur qu’ils finissent par me rattraper…
De nombreuses personnes se contentent de visiter Irkutsk puis de tracer tout droit en direction de la capitale Russe. Leurs arguments : « Il n’y a rien à faire« . Voilà un large débat et je ne partage pas cette opinion. La Russie est un pays grandiose et gigantesque, et il serait quelque peu (voir complètement) illusoire de se dire que l’on a tout vu en étant simplement passé par Irkustk, Moscou et Saint-Petersbourg.
Les meilleures expériences que j’ai pu partager avec les Russes ont eu lieu hors des sentiers battus, au coeur de ces chemins ou personne ne m’attendait. Dans un café de Krasnoyark, j’ai vécu une des plus belles leçons d’échange de mon voyage alors que ni moi ni cet homme ne nous comprenions par le langage des mots. Un bout de papier et un stylo ont suffit pour communiquer.
Car oui, il est important de le préciser, le principal problème d’un voyage en Russie est définitivement la barrière de la langue. Combien de fois aurais-je rêvé de discuter avec mes voisins dans le train ? Combien de fois aurais-je aimé négocier telle ou telle chose ? Combien de fois aurais-je aimé comprendre cet étrange alphabet qu’est le cyrillique ? Certes, j’avais quelques bases grâce à un dictionnaire et un livre de la méthode Assimil acheté à un belge de passage à Oulan-Bator. Mais si peu…
J’ai néanmoins pu dire merci une fois de plus à la citoyenneté française, qui m’a valu quasiment partout un accueil très chaleureux. En effet, j’ai très souvent pu rencontrer des personnes très accueillantes. Ce pays a un bel avenir devant lui, il a juste besoin d’un peu d’ouverture.
Au cours de ces 3 dernières semaines de voyage, hors de question de faire dans le conventionnel ! Je suis donc parti à la recherche d’authenticité en met rendant au milieu de nulle part. A ce stade là du voyage, les choses étaient claires : chaque jour passé me rapprochait de la France, plus de 11 mois après mon départ. Le compte à rebours était lancé, beaucoup de choses se précipitaient dans ma tête…
Pour terminer, je vous propose de vérifier ensemble 3 clichés / idées reçues sur la Russie :
Les russes passent leurs journées à boire de la vodka : malgré ce que vous avez pu lire dans cet article, sachez que c’est faux. Le pays détient une forte culture autour de cet alcool (sachez par exemple qu’une dose journalière de vodka était obligatoire pour les soldats du front au cours de la guerre) mais rien de démesuré. On trouve par ailleurs d’excellentes vodkas pour quelques euros (j’ai par exemple acheté en souvenir une bouteille de Tsarskaya vendue moins de 7 euros à Moscou et trouvée en France à plus de 30 – disponible ici pour moins de 20 euros). Il existe une partie de la classe classe ouvrière qui est touchée par l’alcoolisme, mais il serait diffamatoire et infondé d’affirmer que cela est propre à la Russie. Certes, les rayons vodka sont conséquents. Les femmes russes sont belles : Faux (elles sont en fait INCROYABLEMENT belles !). Pour vous expliquer mon point de vue, je ne vous citerai qu’une phrase entendue à Moscou : « Si en Russie dans la rue tu as l’impression de croiser la femme la plus belle du monde, tu peux être certain que celles à venir te prouveront le contraire« . Véridique. Avec la Colombie, le Costa Rica et la Thaïlande, la Russie figure au classement des plus jolies femmes de notre planète (ou du moins des parties qu’il m’a été donné de visiter). Les russes sont froids : Vrai et faux. L’intégration est parfois difficile lorsque l’on ne pratique pas la langue et à la question « Do you speak English ?« , on se voit souvent offrir en retour un « Niet« . En revanche, une fois la glace brisée, ce peuple est capable d’une gentillesse infinie. En témoigne cet enseignant d’une cinquantaine d’années rencontré dans le train qui parlait au départ dans notre dos. Il finira par nous offrir des poissons frais avec un grand sourire (échange de bons procédés, nous lui offrirons en retour des beignets de patates). On ne peut pas blâmer un peuple qui ne connaît malheureusement encore pas grand chose du tourisme en dehors de l’Ouest du pays, et je reste convaincu une fois de plus que le meilleur est à venir.Place à présent à la vidéo. A venir prochainement : 3 semaines de transsibérien en vidéo.
12 réponses à “Russie : Krasnoyarsk, Omsk et Ekaterinburg”
je suis également partie en été un mois pour visiter la russie en 2008. ce fut le meilleur souvenir de voyage de toute ma vie, je suis partie de saint petersbourg pour arrivée a krasnoïarsk ou j’y suis réstée une semaine, en effet cette ville n’est pas réelement ouverte au tourisme mais on y trouve pas mal de choses a faire. puis j’ai pris le transibérien jusqu’a irkutsk ou j’y suis restée une nuit, pour ensuite partir pour plus de 10 jours sur l’île Olkhon situé sur le lac baikal. ce fut le meilleur moment de mon voyage, aprés une courte beignade car même en été le lac avoisine les 5°C, j’ai pue faire pas mal de trek en 4*4 russe a travers toute l’île me fesant par la même occasion des abdos en beton car les routes ne sont pas réelement praticable. Je suis ton blog depuis pas mal de temps, et te supporte dans le concours pour france soir. et j’ai adorée regarder ces articles sur la russie, car mon rêve est d’y retourner le plus vite possible pour en voir encore plus et améliorer ma facon de parler car j’apprend depuis quelques années deja mais sans pratique ce n’est pas évident. 🙂 continue comme ca, ton blog est vraiment génial. bon courage pour la suite.
Non mais t’es pas malade de te promener en Tshirt à -30 degré??? 🙁 en tout cas tu as eu chaud, les gens imbibés ne sont pas réputés pour leur tendresse, dans n’importe quel pays que ce soit. et après moscou, c’est quoi le programme?
@ cabaret : La Russie est un pays extraordinaire nous sommes d’accord 🙂
@ martine : Saint-Petersbourg, Helsinki en Finlande. Puis un peu de Maroc et de Londres sont au programme 🙄
Quel programme!
Moi je devais aller à londres en avril. mais grâce au nuage venu d’islnade, tout a été annulé… vive les volcans!
Es tu déjà allé en irlande? c’est un pays vraiment magnifique. j’y ai passé un an pour mes « études », et y suis retourné 6 fois par la suite. C’est un pays vraiment très beau (comme tous les pays d’ailleur) et toi qui aime découvrir les pays hors des sentiers battus, tu seras agréablement surpris! 🙂
Tout d’abord, je suis de tout coeur derrière toi pour le ccd de France-soir. Ca fait un petit bout de temps que je regarde ton blog, et j’ai particulièrement regardé de près tes étapes américaines avant mon propre voyage aux USA en juillet dernier (NYC et ouest USA).
Par contre au sujet de la Russie, je me demande comment la fille qui t’a hébergé à Omsk n’a pas eu peur ou même les gens qui font du couchsurfing (faut faire confiance). A fond pour Romain !!!!
@ martine : Il en aura mis un bazar ce nuage ! Je met tes recommandations dans un coin de ma tête 🙂
@ Fred : Content que tu te sois replongé dans ton périple ! C’est aussi ça un peu le but pour les voyageurs 🙂 Pour le couchsurfing, c’est avant tout sur la recommandation des précédentes personnes qui m’ont hébergé. Voilà pourquoi ce projet est un truc absolument génial ! Merci de tes encouragements !
Et ca s est finit comment cette nuit entre les sdf et les jeunes , t as pu trouver un endroit ou dormir finalement ??
Perso je suis en coree du sud actuellement pour voir des amis , pays pas du tout touristique, pas de tonnes de choses a voir mais tres depaysant (un japon en plus petit , et moins touristique si l on veut ) et les gens sont super cools et toujours curieux.
Sur ce je passe faire mon ptit vote quotidien!!
[…] Rob et Aylsa, un couple d’australiens de 35 ans qui me suivaient depuis la Mongolie. Après Ekatinburg, Moscou me voila […]
@ Cedric : J’ai finalement passé la nuit dans une cage d’escalier, et j’ai atteint une auberge le matin. Bon trip en Corée à toi et merci pour le vote 🙂
[…] à Chicago (USA) en compagnie de SDF ainsi qu’une nuit à érrer entre la gare d’Ekaterinburg (Russie) et son centre, qui a failli mal se […]
[…] events: one night spent in Chicago (USA) with a homeless guy, and one night spent wandering in Yekaterinburg train station (Russia) and the city center, which almost ended very […]
Post très intéressant !
Je viens de finir mon voyage de 20 jours en Russie et que je regrette de ne pas avoir fait plus de stop que les traditionnels Moscou, Saint Petersburg et Irkutsk, il y a tellement à voir dans ce pays. Enfin ce n’est que partie remise 😉
Je partage ton avis sur les clichés sur la Russie, notamment sur la froideur des Russes. J’ai beaucoup difficulté avec le personnel des gares et cela en devient parfois vraiment frustrant mais j’ai fais de tellement belles rencontres. Les Russes sont chaleureux une fois la barrière de la langue ou la première impression envolée, j’ai toujours trouvé une personne pour m’aider lorsque j’étais perdu.
Je vais aussi arrivée dans la nuit à Ulan Oude après demain pour prendre mon bus pour la Mongolie, j’espère ne pas faire un remake de ton aventure:)
Emilie